L’explosion du marché immobilier en Corse

La Corse fait face à une crise immobilière sans précédent, exacerbée par la pandémie. Les prix grimpent en flèche, les résidences secondaires se multiplient, et les jeunes Corses peinent à trouver un logement. Explorons les causes et conséquences de ce phénomène…

La pandémie a poussé de nombreux citadins à chercher un nouveau style de vie, plus proche de la nature et facilité par le télétravail. Cette tendance a entraîné une augmentation des prix immobiliers partout dans le monde. En France, les prix des stations balnéaires ont augmenté de 13% en un an, tandis que l’ensemble du pays a vu une hausse de 7,7%. La Corse n’échappe pas à cette tendance, avec un marché immobilier sous pression depuis des années et une explosion des résidences secondaires, qui représentent un logement sur trois sur l’île.

Devenir propriétaire en Corse nécessite désormais un budget conséquent. Les villes les plus chères sont Porto-Vecchio avec un prix moyen au mètre carré de 4990€, Bonifacio avec 4530€ et Propriano avec 4250€. L’immobilier Calvi, Ile-Rousse, Ajaccio et Bastelicaccia affichent également des prix élevés. Bastia, en revanche, se situe plus bas dans le classement avec un prix moyen de 2940€. L’INSEE avait déjà relevé en 2018 que la Corse est la région où le taux de propriétaires est parmi les plus faibles et progresse le moins. Seulement un ménage sur deux est propriétaire de sa résidence principale sur l’île, contre 60% en France.

En ce qui concerne les constructions neuves, l’INSEE indique qu’en 2021, 4000 autorisations ont été accordées, dont 2700 en Haute-Corse. Cependant, le stock de logements neufs mis en vente est le plus bas depuis 2010, avec seulement 1050 unités à la fin de l’année 2021.

le marché locatif

Le marché locatif en Corse n’est pas non plus en reste, avec des loyers élevés qui mettent à mal les petits salaires. Un studio en centre-ville d’Ajaccio ou à Porto-Vecchio coûte en moyenne 600€, tandis qu’à Bastia, il est légèrement moins cher avec 500€. Pour un trois pièces, les prix s’envolent : plus de 1000€ à Ajaccio, 900€ à Porto-Vecchio et environ 800€ à Bastia. Cette situation est d’autant plus préoccupante que la Corse est la région métropolitaine la plus pauvre de France, avec près de 20% de sa population vivant sous le seuil de pauvreté.

L’offre et la demande

L’explosion des prix et de la demande touche aussi les zones périphériques de la ville. Auparavant, les demandes pour des localités comme Peri étaient peu nombreuses, mais la situation a radicalement changé. Désormais, il faut s’éloigner encore plus pour trouver des maisons, avec des demandes pour des villages comme Carbuccia, situé à une demi-heure d’Ajaccio.

Les prix dans la périphérie d’Ajaccio ont également augmenté. À Peri, on peut encore trouver des maisons entre 450 000 et 500 000 euros, mais à Bastelicaccia, les prix ont grimpé à 650 000 ou 700 000 euros. Les agents immobiliers tentent de donner des estimations réalistes aux propriétaires pour les ramener à la réalité, mais avec la hausse générale des prix, certains sont tentés de profiter de la situation. Il est donc important de négocier, de visiter de nombreux biens pour trouver la perle rare et surtout d’être patient, car l’offre est limitée.

Cette tendance à la hausse s’est accentuée depuis le début de la pandémie. La demande a considérablement augmenté, créant un cercle vicieux : ceux qui souhaiteraient vendre leur bien pour acheter un autre plus grand ou avec un extérieur dans la périphérie d’Ajaccio ne trouvent rien et ne mettent donc pas leur bien en vente. Par conséquent, la demande pour le type de biens qu’ils auraient proposé continue d’augmenter.